Drame de Lampedusa : À quoi sert Frontex ?

20minutes, 04/10/2013

MONDE - L’agence de surveillance des frontières européennes peut-elle aider les pays membres à réguler les flux de migrants ?...

« Un drame européen, pas seulement italien » : le vice-Premier ministre italien, Angelino Alfano, a appelé l’Union européenne à l’aide après le dramatique naufrage de plus de 300 migrants près de l’île italienne de Lampedusa, en mer Méditerranée, le 3 octobre. Un appel pris au sérieux par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui se rendra à Lampedusa mercredi, et qui sera discuté lors de la réunion des ministres de l’Intérieur à Luxembourg mardi.

Si des outils communs de lutte contre l’immigration illégale ont été créés, le soutien de l’Union européenne aux Etats membres reste trop faible selon certains responsables politiques. « Les politiques migratoires, fragmentées, sont entre les mains des Etats-membres et considérées à l’aune de préoccupations intérieures », a ainsi déploré le porte-parole de la commissaire européenne aux Affaires intérieures.

Frontex, plus symbolique qu’efficace ?

Créée en 2004, l’agence Frontex de surveillance des frontières européennes est chargée de « soutenir la coopération opérationnelle entre les États membres en matière de gestion des frontières extérieures, de les assister pour la formation des garde-frontières nationaux, d’effectuer des analyses de risques, d’organiser des opérations conjointes de retour des clandestins dans leurs pays d’origine », explique la Marine nationale française, qui participe à plusieurs opérations de l’agence européenne en Méditerranée.

En 2011, Frontex a ainsi lancé le programme « Hermes » au sud de la Sardaigne afin de venir en aide aux autorités italiennes face à l’afflux de migrants. Mais si la commissaire européenne aux Affaires intérieures assure que « Au cours des deux dernières années, Frontex a sauvé 16.000 vies en Méditerranée », les experts et les moyens navals et aériens semblent peu efficaces pour réguler les entrées clandestines à Lampedusa. Non seulement le budget de Frontex a baissé de 118 à 85 millions d’euros entre 2011 et 2013, mais l’agence aurait surtout un « intérêt symbolique, qui est de dire que l’Europe ne se laissera pas envahir », juge Claire Rodier, auteur de Xénophobie business (ed.de la Découverte) et membre du réseau européen Migreurop, qui accuse l’Europe de mener une « guerre » contre les migrants.

244 millions d’euros pour Eurosur

Doublée depuis 2011 par Eurosur, un programme destiné à améliorer la coordination entre les Etats membres pour mieux « pister, identifier et secourir » les navires chargés de migrants en danger, Frontex est accusée par le réseau Migreurop de participer à une « logique sécuritaire » qui causerait la mort de milliers de migrants chaque année. « Faut-il rappeler que si des Syriens en fuite tentent, au risque de leur vie, la traversée de la Méditerranée, c’est parce que les pays membres de l’UE refusent de leur délivrer les visas qui leur permettraient de venir légalement demander asile en Europe ? », réagit Migreurop.

Alors que le Parlement européen doit valider cette semaine le programme Eurosur, dont le coût est évalué à 244 millions d’euros pour la période 2014-2020, le renforcement des patrouilles et des moyens d’intervention en mer reste un sujet sensible, comme l’a démontré la polémique sur la faiblesse des services de secours italiens face au naufrage de Lampedusa.

Audrey Chauvet

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