L’Europe face à l’immigration : l’impasse bulgare

France Culture (France), 16/05/2014

Pays le plus pauvre de l’UE, la Bulgarie – 7 millions d’habitants, un salaire minimum fixé à 158 euros par mois – a fait face en 2013, à un afflux de migrants sans précédents.

11.000 personnes arrivées essentiellement entre l’été et la fin de l’année, en majorité des Syriens, trouvant la frontière grecque maintenant fermée, en partie par un mur.

11.000, c’est si peu par rapport aux deux millions et demi de Syriens qui fuient la guerre. Mais pour la Bulgarie, c’est énorme.
Le pays a dû demander l’aide des ONG, du HCR et de l’Union européenne. Mais la solidarité européenne a ses limites. Ainsi aucun pays n’a accepté de décharger la Bulgarie en acceptant des réfugiés sur son territoire.

La Bulgarie a donc dû stopper l’hémorragie. Pour ce faire, elle a considérablement renforcé les contrôles à la frontière turco-bulgare, avec l’aide de Frontex, l’agence européenne chargée de surveiller les portes de l’Europe.
Ces migrants sont en effet passés par la Turquie. Certains y ont même vécu quelques mois. S’ils n’y sont pas restés, c’est parce que la situation est difficile dans ce pays. La Turquie, ce n’est pas l’Europe. C’est ce qu’ils racontent. Il faut travailler des heures et des heures pour gagner à peine de quoi payer son logement et sa nourriture. Ces réfugiés, ils veulent plus : un avenir pour leurs enfants et pour eux.

Mus par cet espoir, ils sont entrés clandestinement en Bulgarie. Tous racontent la même histoire : un passeur qui prend de 300 à 2000 euros par personne, les laisse à quelques kilomètres de la frontière et leur dit de marcher. Souvent les clandestins se perdent et passent deux ou trois jours dans la forêt. Nora, par exemple, a fait ce périple en étant enceinte de six mois. Barzan, lui, n’avait plus d’argent après avoir fui la Syrie. Alors il a tout simplement pris une boussole et le GPS de son téléphone et c’est comme ça qu’il a franchi la frontière.

Aujourd’hui, ces familles, qui rêvent de refaire leur vie à Paris, Berlin ou Londres, se retrouvent coincées aux marches de l’Europe sans pouvoir pénétrer l’espace Schengen. Coinçées dans des centres d’accueil, des camps dans lesquels les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Les autorités bulgares assurent pourtant faire leur maximum.

Un magazine de Marine de La Moissonnière et Annie Brault.

Invité(s) :
Claire Rodier, juriste au Gisti (groupe d’information et de soutien aux immigrés). Cofondatrice du réseau euro-africain Migreurop
Virginie Guiraudon, directrice de recherche au CNRS, en poste au centre d’études Européennes à Sciences Po Paris

Pour écouter cette émission en ligne :
http://www.franceculture.fr/emission-le-magazine-de-la-redaction-l-europe-face-a-l-immigration-l-impasse-bulgare-2014-05-16