Des hotspots au coeur de l’archipel des camps

Note de Migreurop n# 4 - Octobre 2016

Les hotspots sont généralement présentés comme un élément clef de la réponse de l’Union européenne (UE) à la « crise migratoire », mais encore faut-il s’entendre sur le sens de cette expression.

Pour les concepteurs d’une politique européenne d’asile fondamentalement restrictive, il y a « crise » lorsque les exilés arrivent en nombre dans l’UE. S’ils y parviennent, c’est que l’édifice communautaire doit être renforcé : l’entrée des pays où il est éventuellement possible de bénéficier des droits ouverts par la convention de Genève de 1951 doit rester sévèrement filtrée.

Quand les conflits se multiplient aux portes de l’Europe, les États membres, loin d’organiser des conditions d’accueil et de protection à la hauteur des enjeux, s’emploient à fermer les voies d’accès empruntées par les exilés.

À la fin de l’été 2015, quelques pays ont cherché à rompre avec cette logique en ouvrant leurs frontières aux personnes qui jusqu’alors se heurtaient à des dispositifs sécuritaires voulus infranchissables. Ils ont bien vite été rappelés à l’ordre européen : des camps plutôt que des voies d’accès sécurisées, de nouveaux gardes-frontières plutôt que la mobilisation des sociétés civiles.

Pour l’UE, la « crise » des politiques migratoires ne se mesure pas à l’aune des milliers de morts en migration mais à celle du nombre de personnes réussissant à braver la fermeture des frontières afin de faire valoir leurs droits fondamentaux.