Un exemple de solidarité au City Plaza Hôtel

Atlas des Migrants 2017

City Plaza Hôtel : un exemple emblématique de la solidarité à Athènes

Des rencontres à la source des illustrations. Au-delà des discussions entre migrant•e•s, militant•e•s et chercheur•e•s, se tissent parfois des liens d’affection et d’amitié qui conduisent à avoir des informations précieuses pour comprendre des processus qui nous paraissent inconcevables.

City Plaza Hôtel : un exemple emblématique de la solidarité à Athènes

Dès la fermeture du « corridor migratoire » (printemps 2016), la capitale grecque a vu ses rues se peupler de plus de 25 000 de personnes sans abri. Les squats, ouverts par des collectifs militants locauxs’opposent à la « politique d’encampement » appliquée par le gouvernement grec. Ces modes d’accueil alternatifsfont écho à d’autres mobilisations organisées par des personnes « solidaires » du monde entier. C’est ainsi que nous avons vécu durant quatre semaines, de décembre 2016 à janvier 2017, à l’Hôtel City Plaza, le plus grand squat d’Athènes, qui accueille plus de 500 personnes.

À cette période, la ville comptait une quinzaine de squats pour migrant•es, espaces (ré)ouverts par des militant•es dans des bâtiments inoccupés ou à l’abandon. Le fait que ces formes d’accueil inédites se soient déployées si facilement en Grèce n’a rien d’anodin : à Exarcheia, les réseaux d’extrême gauche, habitués depuis la crise économique à se substituer à l’État, ont absorbé immédiatement la question des réfugié•es dans un mouvement de solidarité et la « culture du squat » déjà en place s’est mise au service de l’accueil des étrangers et des étrangères.

Ce qu’offrent ces squats par rapports aux camps humanitaires, ce sont des espaces confortables, familiers, que l’on peut s’approprier, et une urbanité centrale qui favorise l’accès aux services (à la différence des personnes mises dans les camps). Par ailleurs, au quotidien, l’autogestion fondatrice de la solidarité requiert que chaque personne soit actrice de sa vie, à la différence du « gouvernement humanitaire » qui entérine des rapports de dépendance. Cela se traduit par la disparition de la distinction « bénévole » / « bénéficiaire » propre au travail humanitaire : tou•te•s habitant•e•s d’un même lieu, nous sommes également responsables de la collectivité.

Lieux de vie quotidienne et d’accueil local, les squats ne perdent jamais de vue la dimension politique qui est au cœur de leur projet. Au City Plaza Hôtel se tissent des réseaux de solidarité internationale qui créent des communautés au-delà des frontières. L’expérience locale rejoint ainsi le combat plus grand : l’ouverture des frontières, et la liberté de circulation.


Auteures de la carte : Sarah Bachellerie et Sophie Clair


Carte issue de : Migreurop (2017), Atlas des Migrants en Europe. Approches critiques des politiques migratoires, Paris, Armand Colin.

L’ouvrage sera publié en anglais avant la fin de l’année 2018.