la police confirme l’utilisation du Taser à Vincennes dans la nuit du 11 au 12 février

Le Parisien Libéré - Libération - Nouvel Observateur

Le Parisien Libéré lundi 25 février 2008, 20h22 | AFP

Centre de Vincennes : la police confirme l’usage du Taser

Il y a quinze jours, au cours d’une intervention musclée au centre de rétention de Vincennes, un policier a fait usage d’un Taser.

La Préfecture de police de Paris a confirmé lundi à l’AFP qu’un policier avait fait usage du Taser lors d’une intervention musclée des forces de l’ordre au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes il y a 15 jours, qui fait l’objet d’une double enquête de l’IGS.

Des associations ont dénoncé à plusieurs reprise l’usage de ce pistolet à impulsion électrique lors de la nuit du 11 au 12 février. La Cimade, seule association habilitée dans les CRA, a adressé dès le lendemain des heurts un courrier à l’Inspection générale des services, la « police des polices ».

Deux enquêtes ont été ouvertes, l’une administrative et l’autre judiciaire.

Au moins six personnes retenues, citées comme s’étant plaintes de mauvais traitements, devraient être entendues ainsi que le policier qui a fait usage de son Taser« , selon la préfecture de police (PP). "C’est certain qu’il y a eu un usage de moyens de contrainte. La question qui se pose est le caractère légitime ou non de l’usage de la violence. L’enquête de l’IGS va trancher", a assuré la préfecture.

La PP, tutelle des centres de rétention parisiens, a retracé à l’AFP les événements de cette nuit mouvementée. Vers 23H30, le 11 au soir, après l’extinction des téléviseurs, »il y a un refus collectif de regagner les chambres, avec une rébellion violente de certains retenus qui ont dégondé les portes et sortis des matelas, ce qui provoque une demande de renfort des policiers« du centre. »Une soixantaine de policiers extérieurs sont arrivés vers 00H15« . Selon les éléments de la PP, un homme notamment "se rebelle et refuse violemment de regagner sa chambre : les policiers décident de le maîtriser avec le Taser, un seul coup de Taser." Ce retenu "qui continue à se débattre après le coup de Taser« et que les policiers »essaient de maîtriser« se blesse alors "en heurtant un lit métallique", explique la PP, précisant qu’il sera hospitalisé 4 jours.

"Dans les échauffourées, un autre homme est blessé et hospitalisé quelques heures", a ajouté la PP. Les autres retenus ont regagné leurs chambres vers 02H00 mais des départs de feu volontaires dans trois chambres nécessitent leur évacuation, dans les salles communes ou dehors, pour permettre l’intervention des pompiers.

Lors de la fouille des chambres, trois briquets sont saisis -pour éviter tout incendie. La préfecture n’a en revanche pas eu connaissance d’un coran déchiré ni de plainte à ce sujet. La Cimade avait indiqué, selon des témoignages recueillis, qu’un Coran avait été détérioré.

Libération lundi 25 février 2008

Nuit de brutalités policières au centre de rétention de Vincennes

Tonino Serafini

Que s’est-il passé exactement dans la nuit du 11 au 12 février dans le centre de
rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne) ? Selon la Ligue des
droits de l’homme (LDH), des sans-papiers retenus dans ce centre, en attendant
leur expulsion du territoire français ou de passer devant un tribunal, ont été
victimes de brutalités policières. L’un d’eux, Khaled, âgé d’une vingtaine
d’années, aurait subi un tir de Taser. Touché à la poitrine, il a perdu
connaissance. Ce qui a nécessité son transfert par les pompiers à l’Hôtel-Dieu,
l’hôpital du centre de Paris, qui fait office d’unité médico-judiciaire.

Le jeune homme restera hospitalisé pendant deux jours. On lui a posé une attelle
au bras. Un certificat médical fait état de « contusions dorsales et à la face »,
nous a indiqué son avocat, Me Sylvie Boitel. Une enquête de l’IGS (Inspection
générale des services, la police des polices) est en cours. A la préfecture de
police de Paris, un interlocuteur nous a confirmé que des incidents entre
policiers et retenus ont bien eu lieu dans le centre de rétention de Vincennes
et que l’un des retenus a déposé plainte auprès de l’IGS. En revanche, les
versions divergent sur l’origine des incidents, le nombre de tirs de Taser auxquels a procédé la police, et le nombre de personnes
blessées. Pour la Ligue des droits de l’homme, tout a commencé par une banale
prise de bec entre retenus et policiers.

Télé. « Dans la nuit du 11 au 12 février, l’administration du centre [...] décide
de procéder à un appel de tous les retenus », nous a indiqué Jean-Pierre Dubois,
le président de la LDH. « Vers 23 heures, un des policiers éteint sans un mot la
télé que regardaient des retenus. » Le ton monte. Des renforts de police
arrivent. Six retenus, qui disent avoir été insultés, « sont enfermés dans une
chambre » avec des policiers, dont Khaled. C’est à ce moment-là qu’il aurait subi
le tir de Taser à bout portant au niveau de la poitrine. Un autre retenu nommé
Samir a également été admis à l’Hôtel-Dieu. Lui aussi aurait subi un tir de
Taser. De même qu’un troisième homme. Mais pour la préfecture de police de
Paris, il n’y a eu qu’un seul tir.

Matelas. En tout cas, les incidents sont confirmés par la Cimade. Dans un
communiqué, cette association présente dans le centre de rétention de Vincennes
fait état d’une « intervention musclée » d’une soixantaine de policiers dans la
nuit du 11 au 12 février, qui a « entraîné l’hospitalisation de deux personnes ».
Les autres retenus sont renvoyés et confinés sans ménagements dans leurs
chambres.

Plus tard dans la nuit, les incidents vont reprendre. Des retenus mettent le feu
à leurs matelas dans deux chambres pour protester contre le comportement de la
police. Nouvelle arrivée de renforts. Cette fois, « on fait descendre dans la
cour tous les retenus, y compris ceux qui dormaient et n’avaient été mêlés à
aucun des incidents précédents », affirme la LDH. Dans le froid hivernal, des
personnes sont couvertes. D’autres pas. Tout le monde sera fouillé. Ça prend du
temps. L’opération va durer « jusqu’à 4 heures du matin ».

Selon la Cimade, depuis la fin décembre 2007, « les tentatives de suicide,
automutilations, grèves de la faim, départ de feu se sont multipliés dans ce
centre de 280 places ». Pour l’association, « il symbolise l’industrialisation de
la rétention et de l’expulsion des sans-papiers ».

http://www.liberation.fr/actualite/societe/312018.FR.php

Nouvel Observateur 26/2/08

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080226.OBS2311/

La Préfecture de police de Paris en a donné confirmation lundi 25 février : un
policier a bien fait usage du Taser lors d’une intervention musclée au centre de
rétention administrative (CRA) de Vincennes, lors de la nuit du 11 au 12
février. Cette intervention donne lieu à une double enquête de l’IGS (Inspection
générale des services, la "police des polices").
Plusieurs associations dénoncent l’usage de ce pistolet à impulsion électrique.
La Cimade, seule association habilitée dans les CRA, a adressé dès le lendemain
un courrier à l’Inspection générale des services. Deux enquêtes ont été
ouvertes, l’une administrative et l’autre judiciaire.

Hospitalisé 4 jours

Au moins six personnes retenues, citées comme s’étant plaintes de mauvais
traitements, devraient être entendues ainsi que le policier qui a fait usage de
son Taser", selon la préfecture de police (PP).
"C’est certain qu’il y a eu un usage de moyens de contrainte. La question qui se
pose est le caractère légitime ou non de l’usage de la violence. L’enquête de
l’IGS va trancher", a assuré la préfecture.
La PP, tutelle des centres de rétention parisiens, a retracé à l’AFP les
événements de cette nuit mouvementée.
Vers 23h30, le 11 au soir, après l’extinction des téléviseurs, "il y a un refus
collectif de regagner les chambres, avec une rébellion violente de certains
retenus qui ont dégondé les portes et sortis des matelas, ce qui provoque une
demande de renfort des policiers" du centre.
"Une soixantaine de policiers extérieurs sont arrivés vers 0h15". Selon les
éléments de la PP, un homme notamment "se rebelle et refuse violemment de
regagner sa chambre : les policiers décident de le maîtriser avec le Taser, un
seul coup de Taser".
Ce retenu "qui continue à se débattre après le coup de Taser" et que les
policiers "essaient de maîtriser" se blesse alors "en heurtant un lit
métallique", explique la PP, précisant qu’il sera hospitalisé 4 jours.

Evacuation

"Dans les échauffourées, un autre homme est blessé et hospitalisé quelques
heures", a ajouté la PP.
Les autres retenus ont regagné leurs chambres vers 2h00 mais des départs de feu
volontaires dans trois chambres nécessitent leur évacuation, dans les salles
communes ou dehors, pour permettre l’intervention des pompiers.
Lors de la fouille des chambres, trois briquets sont saisis -pour éviter tout
incendie. La préfecture n’a en revanche pas eu connaissance d’un coran déchiré
ni de plainte à ce sujet. La Cimade avait indiqué, selon des témoignages
recueillis, qu’un Coran avait été détérioré. (avec AFP)