Les autorités refusent l’entrée des associations au centre de rétention d’Aluche (Madrid)

Communiqué de presse

Le 30 janvier 2009, alors qu’ils disposaient d’une autorisation écrite du Secrétaire d’Etat à la Sécurité, des représentants d’ONG se sont vus refuser l’accès au Centre d’Internement pour Etrangers (CIE) de Madrid par les autorités de police du centre, sur ordre du Commissariat général à l’immigration. Le député européen Willy Meyer, qui accompagnait les organisations, a refusé d’entrer dans le centre « pour ne pas se rendre complice » de cette attitude du Commissariat.

Les organisations espagnoles membres du réseau européen Migreurop dénoncent qu’on leur ait interdit l’accès au centre et exigent que la réglementation et la gestion de ces lieux d’enfermement soit transparentes.

« Il est surprenant et scandaleux que les organisations de la société civile n’aient pas pu accéder au Centre, alors qu’elles disposaient d’une autorisation,. C’est pourquoi, face au constat insolite que dans un Etat de droit ce n’est pas le ministère qui commande mais le commissariat, mon parti posera une question écrite au Gouvernement  », a déclaré le député européen de la GUE. « Ce qui s’est produit aujourd’hui est particulièrement grave si l’on considère que le projet de réforme de la loi sur l’immigration entraînera un recul des Droits des migrants, et qu’il prévoit, entre autres mesures, l’allongement de la durée maximale de rétention ».
_ Meyer a réitéré « l’exigence de transparence de ces centres et pour ce faire, la nécessité d’autoriser l’accès de la société civile ». Il a annoncé qu’il rendra publique sa protestation devant le Parlement européen. Selon lui, « ce qui s’est produit aujourd’hui n’est pas si surprenant si l’on considère que l’Espagne a adopté la directive de la honte  ».

De son côté, Patricia Barcena, secrétaire générale de CEAR Euskadi, s’est montrée « stupéfaite et indignée du traitement infligé. Nous sommes des organisations prestigieuses, qui luttent pour la défense des Droits de l’Homme et nous sommes en relation avec le Ministère, avec lequel nous coïncidons parfois et d’autre fois non, mais on ne nous avait jamais traité d’une façon insultante. Le fait de nous fermer la porte au nez nous fait nous demander s’il n’y aurait pas réellement des choses à cacher dans les centres comme celui-ci. Des centres qui sont entre les mains de la police et dont le régime est presque pire que le régime pénitentiaire ». « Nous, ONG, critiquons l’existence de ces centres d’internement pour Etrangers. Mais tant que ceux-ci existeront, nous exigeons de pouvoir y accéder pour garantir que les droits des personnes internées ne soient pas violés, particulièrement quand ces personnes n’ont commis aucun délit, si ce n’est une faute administrative ».

Pour Manuel Lancha, de Andalucia Acoge, « ceci nous démontre qu’il est nécessaire et urgent de réglementer ces centres par le biais d’une loi organique ».

La représentante du réseau européen Migreurop, Claire Sobieniak, regrette que l’on ait interdit l’accès des ONG au Centre « sans fournir aucune explication, par le biais d’un courrier électronique qui nous est parvenu hier soir à 21h depuis le Commissariat général à l’Immigration, après avoir reçu la confirmation écrite que le Secrétaire général à la Sécurité autorisait notre visite. Des visites similaires sont prévus aujourd’hui dans plusieurs centres en France, en Belgique, en Italie et au Portugal  ».

Dans le cadre de ces mobilisations, en plus de la tentative d’accès au Centre d’Aluche (Madrid), les membres andalous de Migreurop (Andalucia Acoge, Asociacion Pro-Derechos Humanos de Andalucia et CEAR Sur) ont organisé une conférence de presse commune, dans le but de soutenir cette action y d’exprimer leur rejet complet de la politique d’externalisation de l’Union européenne et de la multiplication des lieux d’enfermement, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières européennes.

Information complémentaire :

Dans le cadre de la campagne européenne “pour un droit de regard dans les lieux d’enfermement des étrangers”, Migreurop a demandé des autorisations pour visiter plusieurs Centres de rétention dans différents pays européens. Les visites doivent se réaliser aujourd’hui 30 janvier en présence de députés nationaux et européens. Cette journée de mobilisation européenne a pour objectif de promouvoir la transparence des conditions de détention dans les lieux d’enfermement des étrangers.
Les membres espagnols de Migreurop sont ACSUR Las Segovias, Andalucía Acoge, la Asociación Pro-Derechos Humanos de Andalucía (APDHA), la Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR) y la Federación de SOS Racismo.
Migreurop (www.migreurop.org) est un réseau de 35 associations présentes dans 11 pays d’Europe et d’Afrique, dont l’objectif est de lutter contre l’externalisation des frontières et la création de camps de détention. Les membres espagnols de Migreurop sont à l’initiative de ce comuniqué.

Contacts :

Eugenia García (Responsable de l’information publique de CEAR) : eugenia.garcia@cear.es

Téléphone : 695481176

Claire Sobieniak (Migreurop) : fiscalizaciondeloscies@gmail.com