Le camp d’étrangers de Lukavica : mauvais traitements et grève de la faim

de BH/SOCIETE

en rélation au communiqué de presse diffusé le 24 janvier 2011 : http://www.migreurop.org/article1796.html

http://www.bhinfo.fr/le-camp-d-etrangers-de-lukavica,1542/

Près de Sarajevo, dans le quartier de Lukavica, 20 personnes sont actuellement détenues, dans des conditions inhumaines et dégradantes dans le camp pour étrangers, selon Migreurop. Parmi elles des Albanais, des Égyptiens, des Syriens, des Palestiniens, des Algériens ainsi qu’un Kosovar et un Turc.

Selon plusieurs témoignages, les étrangers arrêtés en Bosnie-Herzégovine et placés dans des centres de détention sont en général libérés au bout de quelques jours s’ils ne peuvent pas être renvoyés dans leur pays d’origine. Mais les ressortissants de pays arabes restent détenus durant de longues périodes : de trois à six mois, voire plus longtemps, car on les accuse d’être liés à des activités terroristes. Parmi eux, certains vivent en Bosnie-Herzégovine depuis plusieurs années, d’autres ont été arrêtés aux frontières du pays avant d’être conduits à Lukavica.

Aucune information sur la procédure relative à leur détention ne leur a été fournie. Des documents provenant du tribunal leur sont parfois présentés mais "signer ou pas signer, c’est la même chose, nous ne comprenons pas ce qu’il y a écrit dessus" a rapporté à Migreurop un des détenus. Ces derniers n’ont pas été présentés devant un juge et ne disposent d’aucun conseil. Ils sont confrontés à des difficultés pour rencontrer un médecin ou un interprète. Leurs demandes d’asile sont restées sans suite.

Grèves de faim

Pour ces raisons, huit personnes (quatre Palestiniens, deux Algériens et deux Tunisiens) sont en grève de la faim depuis le 28 décembre 2010 soit 27 jours. Faibles, malades pour certains, ils n’ont aucun contact avec l’extérieur. Leur manifestation de désespoir fait suite à deux précédentes grèves de la faim au cours de l’année 2010. Dans les deux cas, les promesses d’amélioration des conditions de détention n’ont pas été tenues. Les témoins qui se sont confiés à Migreurop se plaignent également d’être victimes de mauvais traitements dont des violences physiques (coups de poings, de pieds, de matraques). Un des prisonniers dit s’être fait tabasser par un policier du centre, et avoir eu plusieurs côtes cassées. D’autres reçoivent des gifles au prétexte d’avoir osé poser une question à un gardien. Plusieurs étrangers, arrêtés à la frontière entre le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine, indiquent avoir été victimes de rackets, et s’être fait voler par des policiers leurs téléphones portables, de l’argent et des effets personnels.

"Inauguré en 2008, le camp d’étrangers de Lukavica, financé par l’Union européenne, est caractéristique de l’externalisation de la politique migratoire. Le pacte de stabilité pour l’Europe du sud-est engagé en 1999 donne une large place à la collaboration en matière de contrôles frontaliers. La Bosnie-et-Herzégovine, dont les ressortissants sont depuis peu dispensés de visa pour entrer dans l’UE, est un des sous-traitants que l’Union a su mettre au service de la surveillance de ses frontières extérieures, sans s’intéresser aux conditions dans lesquelles elle s’effectue. Comme en Ukraine, en Turquie ou en Libye, les migrants et les demandeurs d’asile font les frais de cette politique du donnant-donnant", explique-t-on dans un communiqué de Migreurop.

Dans ce contexte, le réseau d’associations demande aux autorités bosniennes, signataires de la Convention internationale sur les droits de tous les travailleurs migrants, de mettre au plus vite un terme aux violations des droits des détenus du camp de Lukavica. Le droit à former recours contre la mesure d’internement, celui de bénéficier de l’assistance d’un conseil et d’un interprète, le droit de demander l’asile et le respect de l’intégrité physique des détenus sont particulièrement mis à mal.

Migreurop appelle également les autorités de l’UE à assumer la responsabilité de leur politique d’externalisation, en veillant à ce que les principes qui engagent l’Union et ses États membres en matière de droits fondamentaux soient respectés dans les pays où sont délocalisés les contrôles migratoires. Migreurop rappelle qu’il est opposé à l’enfermement administratif des migrants et à la criminalisation de l’immigration qui ont pour corolaire la violation des droits fondamentaux.

+D’INFOS : www.migreurop.org