Déclaration de Larache

Le week-end dernier, plus de deux cent personnes de divers collectifs du Maroc, d’Espagne ou de France, se sont réunies à Larache (Maroc) aux fins d’analyser la situation des migrations.
Une rencontre d’actualité s’il en est, qui venait particulièrement à propos à la suite des graves incidents qui se produisent actuellement aux frontières de Ceuta et de Melilla.

Parmi les différents travaux réalisés au cours de cette rencontre, nous retiendrons l’élaboration de ce que nous avons dénommé la DECLARATION DE LARACHE reprenant la situation actuelle, et dans laquelle nous exprimons notre condamnation, notre douleur et notre dénonciation de tout ce qui est en train de se produire.
Parmi les premiers signataires de cette déclaration nous pouvons compter l’Association Pro Droits Humains d’Andalousie (APDHA), Andalucia Acoge, Pateras de la Vida, le réseau Chabaka d’Associations Solidaires du Nord du Maroc, l’Association Marocaine des Droits de l’Homme, etc...

Les signatures se recueillent en Espagne, au Maroc, mais y compris dans toute l’Europe. L’objectif de celles-ci est qu’elles soient présentées devant les parlements respectifs de chaque pays avec l’exigeance d’une politique qui prendrait plus en compte la solidarité et les droits de l’Homme.
Nous en appelons donc à votre solidarité et vous demandons par la présente de signer la Déclaration.
Il suffit pour cela de se reporter au bas de la déclaration, où il existe un lien pour pouvoir la signer.

Un salut cordial et solidaire de la part de l’Association Pro Droits Humains d’Andalousie, APDHA.


Pour signer l’appel

Déclaration de Larache

Face aux graves événements qui se sont produits aux frontières de Ceuta et de Melilla, qui ont provoqué le décès d’au moins huit personnes et fait des dizaines de blessés dont le seul délit était le désir de trouver un futur plus digne, nous souhaitons exprimer notre douleur, notre indignation et notre condamnation énergique.

En premier lieu, il faut procéder à une enquête sur les graves violations des droits de l’homme qui se produisent autour des deux frontières, éclaircir les faits en liaison avec des observateurs internationaux et déterminer les responsabilités.

Nous rejetons le fait que l’unique manière d’aborder le phénomène migratoire entre l’Afrique et l’Europe soit la militarisation et la transformation des frontières en nouveaux murs de la honte, cette fois enclavés en territoire africain.

L’Union européenne ne doit pas affronter les problèmes issus des migrations avec des politiques sans cesse plus dures, basées sur l’étanchéité des frontières, sur des systèmes complexes de contrôle policier, sur le recul des politiques d’asile, sur des accords en vue d’expulsions collectives, sur des centres de rétention et d’internement, sur l’externalisation de la gestion de l’asile et des migrations, etc...

Il faudrait au contraire promouvoir des politiques généreuses et d’une plus grande envergure qui mettent en avant la coopération effective pour le développement et la solidarité et qui veillent aux droits de l’homme. Nous ne pouvons pas faire de l’Europe une forteresse où l’égoïsme économique serait le seul critère d’admission des migrants.

Toutefois, les événements survenus ces derniers jours à Ceuta et Melilla cadrent mieux avec ces politiques au profil dur et égoïste aux conséquences tragiques, qu’avec une autre approche fondée sur la coopération, la solidarité et les droits de l’homme.

Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur le projet de création de centres pour mineurs au Maroc traité par le sommet hispano-marocain du 28 septembre 2005, en raison de garanties douteuses sur le respect des Conventions internationales relatives aux droits de l’enfant.

Nous dénonçons de la même manière que le Maroc ait accepté de se transformer en gardien de la frontière sud de l’Union européenne. Le manque de garanties démocratiques et la violation des droits de l’homme sont une réalité constante dans ce pays choisi précisément pour effectuer la sale besogne pour le compte de l’U.E.
Il est inacceptable que l’Union européenne détourne son regard face aux violations des droits fondamentaux perpétrées par le Maroc envers les migrants.

L’Europe ne peut pas oublier ses responsabilités dans le désespoir des Africains qui tentent d’arriver jusqu’à elle.
Il s’agit de personnes qui, après de nombreux maux pour traverser la moitié de l’Afrique, vivent dans des conditions inhumaines, dans l’attente d’une occasion d’accéder à l’Europe. Il ne faut pas s’étonner que face au harcèlement des différents corps de police marocains et à l’étanchéité sans cesse accrue de la frontière, ils sombrent dans un désespoir inimaginable.

L’Europe doit assumer sa responsabilité historique et actuelle dans la situation de tout un continent qui compte aujourd’hui plus de 100 millions de personnes d’une extrême pauvreté. L’Afrique et les Africains ont été spoliés, dépouillés et condamnés à la dislocation et à la misère, notamment par les entreprises multinationales. Et quand, fruit de leur situation désespérée, ils tentent d’émigrer, l’Europe les empêche de le faire légalement et ne leur laisse pas d’autre alternative que de tenter la terrible traversée de l’émigration irrégulière.

Pour toutes ces raisons, et tout en étant conscients de la complexité des facteurs qui ont une incidence sur ce problème, nous souhaitons :

 Que soit créée une Commission de recherche, avec la participation d’observateurs internationaux indépendants, qui élucide tout ce qui est arrivé lors des tragiques événements de Ceuta et de Melilla et en détermine les responsabilités.

 Que cessent immédiatement la persécution, le harcèlement, la violence et les expulsions vers la mort aux frontières de l’Algérie et de la Mauritanie opérés par le gouvernement marocain envers les migrants subsahariens.

 Que soit autorisé et facilité pour ces personnes l’accès à une aide d’urgence de la part d’organismes internationaux à caractère humanitaire.

 Que soient scrupuleusement respectées les conventions internationales et les lois espagnoles qui protègent le demandeur d’asile et qui établissent des normes à l’égard des migrants. En particulier, doivent cesser les expulsions collectives illégales pratiquées par la Guardia Civil espagnole.

 Nous critiquons en l’espèce l’emploi de l’Armée dans des tâches de contrôle de frontières puisqu’il ne s’agit pas d’une affaire à caractère militaire mais d’un problème humanitaire et social grave.

 Sur un plan plus général, nous croyons indispensable un changement de cap des politiques migratoires de l’Union européenne selon des critères de solidarité et de respect des droits de l’homme. De même il est indispensable de rendre l’accueil plus digne et de favoriser des politiques d’insertion des personnes arrivées en Europe.

 Enfin, sur un plus long terme, nous rejoignons toutes les campagnes et revendications qui prônent l’annulation de la dette extérieure, le destin du 0,7 % au développement et la mise en route d’un ambitieux plan de coopération pour le développement structurel destiné prioritairement à mettre un terme aux situations de pauvreté et de misère que vit le continent africain. De même, nous soutenons ceux qui oeuvrent pour la fin de la violence destructrice de nombreux pays africains et pour leur démocratisation.

Pour signer l’appel